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Le numérique : un levier actif de notre stratégie RSE

Témoignage de Sylvain Dagnaud - Keran

Intégrer le reconditionné dans une stratégie numérique, ce n’est pas faire un compromis.
C’est faire un choix lucide, durable, et aligné avec les enjeux de notre époque. Le numérique a un coût environnemental immense, et nous avons, en tant que DSN/DSI, un vrai levier pour inverser la tendance, concrètement et durablement.

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Article publié en septembre 2025

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Keran est un groupe indépendant qui réunit huit sociétés – Sce, Créocéan, Groupe Huit, Naomis, S3d Ingénierie, Ys Energies Marines Developpement, Civiteo et Logiroad – expertes en protection de l’environnement, urbanisme et paysage, ingénierie des infrastructures, énergie et numérique. Keran est entreprise à mission depuis juin 2022, un choix de gouvernance fort qui traduit l’ambition de renforcer l’impact positif des interventions.
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Directeur des Services Numériques du Groupe Keran, en charge de la définition des stratégies de déploiement du numérique, Sylvain Dagnaud témoigne sur la mise en place du numérique reconditionné au sein du groupe.

KERAN - Sylvain Dagnaud

L’adoption du matériel reconditionné s’inscrit dans une démarche plus globale de responsabilité sociétale et environnementale. En tant qu’entreprise à missions, nous avons pleinement conscience de l’impact environnemental du numérique, tant en termes d’émissions de CO₂ que d’extraction de ressources rares.

Notre motivation a été double :
. Réduire l’empreinte écologique de notre parc informatique.
. Contribuer à l’économie circulaire, en valorisant des équipements encore parfaitement fonctionnels, au lieu de systématiquement recourir au neuf.

En tant que DSN, j’ai souhaité que le numérique devienne un levier actif de notre stratégie RSE, en cohérence avec les valeurs portées par notre entreprise.

Sylvain Dagnaud

Directeur des Services Numériques du Groupe Keran

Une démarche engagée autour de plusieurs objectifs

Objectifs environnementaux : réduire l’impact carbone du cycle de vie de nos équipements numériques.

  • Éviter l’émission de plusieurs centaines de kilos de CO₂ par appareil.
  • Réduire la pression sur les ressources naturelles.
  • Allonger la durée de vie des équipements.

Objectifs économiques : le reconditionné nous permet de réaliser des économies à l’échelle du groupe, sans compromis sur la performance ou la fiabilité.

Objectifs sociétaux : favoriser les circuits de revalorisation, en travaillant avec des partenaires engagés dans l’insertion ou l’économie sociale et solidaire.

Objectifs d’image et d’engagement global : renforcer notre image d’entreprise responsable et innovante. Cette démarche donne également du sens aux actions de la DSN aux yeux des collaborateurs, qui sont de plus en plus sensibles à ces enjeux.

Une mise en oeuvre progressive et structurée

Nous avons opté pour une phase pilote en mode furtif suivie d’un déploiement plus large, ce qui nous a permis de :

  • Tester différents fournisseurs pour évaluer la qualité, les garanties et les délais.
  • Valider les performances et la compatibilité des équipements avec nos environnements logiciels.

Nous avons diffusé du matériel reconditionné sans avoir informé les utilisateurs, notre objectif étant de signifier qu’il n’y avait pas de différence marquante entre le reconditionné et le neuf.

Une fois cette phase validée, nous avons intégré le reconditionné dans notre politique d’achat standardisée.

Parmi les actions mises en place :

  • Révision des cahiers des charges pour intégrer systématiquement l’option reconditionnée.
  • Référencement de partenaires spécialisés, respectant des critères stricts de qualité, de traçabilité et de garantie.
  • Communication interne autour des bénéfices (environnementaux et économiques) du reconditionné.
  • Mise en place d’un suivi des indicateurs d’impact carbone lié au parc matériel.

Équipements ciblés en priorité :

  • Les postes de travail bureautiques (ordinateurs portables et fixes).
  • Une partie de notre flotte de smartphones
  • Une partie de nos équipements réseau, serveurs
  • Des périphériques comme les écrans, claviers ou stations d’accueil.

Actuellement, environ 25% de notre parc informatique est constitué de matériel reconditionné. Ce pourcentage est en croissance régulière, avec pour objectif d’atteindre 40% d’ici fin 2026, selon les typologies de postes et les contraintes métiers.

Les leviers pour la mise en place

En interne :

  • Un fort engagement de la direction générale.
  • Un soutien RSE transversal, avec des objectifs environnementaux partagés et un comité d’impact investi
  • Une mobilisation des équipes de la DSN, convaincues par le sens de la démarche.

En externe :

  • La qualité croissante des offres reconditionnées sur le marché.
  • Des partenariats avec des acteurs engagés, parfois de l’économie sociale et solidaire.

La sensibilisation a été un levier clé avec l'organisation :
. d'une communication régulière (intranet, newsletters) pour expliquer les impacts environnementaux positifs.
. de modules de formation rapide sur les bonnes pratiques d’usage et d’entretien des appareils.
Cette démarche a permis de dédramatiser le reconditionné auprès de certains utilisateurs encore attachés au "neuf", et de valoriser les collaborateurs engagés dans ce changement.

Freins et leviers à l’adhésion du numérique reconditionné

Nous avons rencontré plusieurs types de réticences, souvent liées à des perceptions historiques ou des habitudes bien ancrées :

  • Qualité perçue inférieure : certains collaborateurs associaient encore le reconditionné à du matériel d’occasion peu fiable, malgré les garanties.
  • Attachement au matériel neuf : pour certains, surtout dans les fonctions managériales ou techniques, l’acquisition d’un équipement neuf était perçue comme un « avantage » ou un gage de performance.
  • Craintes sur la durabilité et la performance : notamment sur l’autonomie des batteries, les cycles de vie, ou encore la compatibilité logicielle.
  • Offre parfois limitée ou non standardisée : pour certains modèles spécifiques, le reconditionné ne répondait pas toujours à nos besoins précis.
  • Contraintes logistiques : délais d’approvisionnement plus longs ou hétérogènes selon les fournisseurs.

 

Autant de freins levés avec la mise en place de :

Communication pédagogique

  • Nous avons diffusé des chiffres-clés sur l’impact écologique du neuf vs reconditionné.
  • Nous avons présenté des cas d’usage internes réussis, avec des témoignages utilisateurs.
  • Nous avons également insisté sur le fait que les garanties et le support technique étaient identiques à ceux du neuf, ce qui a rassuré.

 Tests terrain

  • Des phases pilotes (en mode furtif) ont été organisées dans plusieurs services pour évaluer concrètement les performances.
  • Ces retours d’expérience ont été largement partagés pour créer un effet de confiance et de normalisation.

Choix de fournisseurs fiables

  • Nous avons sélectionné des partenaires capables de fournir du matériel homogène, testé, et garanti (souvent jusqu’à 24 mois).
  • Un travail spécifique a été mené avec le service achats pour formaliser les critères de qualité attendus.

Comme tout changement, nous avons eu quelques enseignements en cours de route :

Sous-estimation de la pédagogie nécessaire : au début, nous avons communiqué surtout sur les gains environnementaux, sans suffisamment expliquer les bénéfices concrets pour les utilisateurs (ergonomie, performance équivalente, etc.).
Trop grande hétérogénéité des modèles au lancement : certains services ont reçu des équipements très différents, ce qui a complexifié la gestion IT et la maintenance.

Ces erreurs nous ont permis d’ajuster rapidement notre approche. Aujourd’hui, nous avons une démarche beaucoup plus fluide, mieux acceptée, et pleinement intégrée à notre stratégie IT.

Résultats et bénéfices observés

Nous avons pu constater plusieurs bénéfices directs et mesurables à la mise en place du reconditionné :

Économies réalisées

  • Nous avons observé une réduction moyenne de 30 à 60 % sur le coût d’acquisition des équipements concernés, par rapport à des matériels neufs équivalents.

Gains en durabilité

  • Chaque équipement reconditionné permet d’éviter en moyenne 100 à 200 kg de CO₂, et de préserver des ressources critiques comme les métaux rares.
  • En consolidant ces données, nous avons pu quantifier notre contribution à la réduction de l’empreinte carbone numérique du groupe.

Satisfaction des utilisateurs

  • Une fois les premières réticences dépassées, les retours ont été largement positifs.
  • Les utilisateurs apprécient la stabilité, la réactivité et l’esthétique des appareils, qui sont souvent difficiles à distinguer du neuf.
  • Cela a également contribué à valoriser les pratiques responsables dans le quotidien des collaborateurs.

 

La démarche a généré un effet d’entraînement au-delà de l’aspect purement technique :

Sensibilisation et engagement interne
Elle a été un point d’entrée très concret pour sensibiliser aux impacts du numérique, bien au-delà des équipes de la DSN. Plusieurs collaborateurs se sont montrés curieux et proactifs, certains ayant même adopté ces pratiques à titre personnel.

Amélioration de l’image de marque
cette initiative renforce notre positionnement comme entreprise responsable et innovante, aussi bien en interne qu’à l’externe (clients, partenaires, candidats). Elle est aujourd’hui mise en avant dans nos communications RSE, et valorisée dans nos réponses aux appels d’offres.

Alignement avec les exigences réglementaires et les attentes sociétales
Elle anticipe aussi les futurs critères de durabilité qui devraient se généraliser dans les politiques achats.

Conseils et recommandations

Commencer petit, mais structuré : lancer un pilote sur un périmètre maîtrisé (bureautique, postes secondaires…) permet de lever les doutes, d’évaluer concrètement les bénéfices et de recueillir des retours utiles. Le mode furtif est intéressant pour ne pas en faire un événement majeur et déclencher une adoption en douceur.

Travailler avec des partenaires de confiance : choisir des fournisseurs spécialisés, capables de garantir un niveau de qualité équivalent au neuf, avec traçabilité, tests certifiés, et service après-vente fiable.

Impliquer les parties prenantes dès le départ : direction, achats, RSE, utilisateurs. Le reconditionné est une démarche transverse qui prend tout son sens quand elle est collective.

Assumer une démarche progressive : il n’est pas nécessaire de basculer tout le parc d’un coup. L’important, c’est de changer la culture de l’achat IT, pas d’être à 100 % dès le début.

Pour faciliter l’intégration du numérique reconditionné

  • Anticiper davantage la standardisation des modèles pour simplifier le travail des équipes Support et la gestion du parc.
  • Intégrer plus tôt des indicateurs de suivi environnementaux et financiers pour objectiver les bénéfices dès les premiers mois.
  • Mettre en place un référentiel visuel clair (stickers, étiquettes) pour faciliter l’identification et le suivi du matériel reconditionné.
  • Et surtout : impliquer les utilisateurs finaux dès le départ dans les phases de test, pour renforcer l’adhésion.

Les partenaires qui ont accompagné le développement de l’usage du reconditionné au sein de Keran

  • Des fournisseurs spécialisés en matériel reconditionné, comme AFB, sélectionnés pour leur qualité de reconditionnement, leur engagement RSE et leur capacité à assurer le SAV.
  • Le service Achats, qui a joué un rôle clé dans l’intégration de ces offres dans nos procédures d’achat.
  • Notre direction, qui a soutenu l’initiative et contribué à la valoriser en interne.
  • Éventuellement des partenaires publics ou associatifs, si des aides, subventions ou coopérations locales ont été mises en œuvre.

Nous avons mis en place, pour le moment, un seul indicateur pour piloter la démarche : % de matériel reconditionné dans le parc global et par typologie.

Nous souhaitons nous intéresser aux indicateurs suivants :
- Économies réalisées par rapport à l’achat neuf.
- Équivalent CO₂ évité.
- Taux de satisfaction des utilisateurs.
- Taux de panne / retour SAV comparé au neuf.

Et la suite ?

Nous envisageons plusieurs prolongements à notre engagement :

  • Étendre le reconditionné à d’autres types d’équipements : équipements réseau, etc.
  • Structurer une politique de revalorisation de notre ancien parc : en lien avec des structures d’insertion ou des filières solidaires.
  • Renforcer notre communication interne et externe autour des impacts positifs générés.
  • Enfin, explorer des labels ou certifications environnementales pour valoriser notre démarche à l’échelle de l’entreprise.

 

« Intégrer le reconditionné dans une stratégie numérique, ce n’est pas faire un compromis. C’est faire un choix lucide, durable, et aligné avec les enjeux de notre époque. Le numérique a un coût environnemental immense, et nous avons, en tant que DSN/DSI, un vrai levier pour inverser la tendance, concrètement et durablement.

Le reconditionné, ce n’est pas qu’une décision d’achat : c’est un acte de cohérence entre nos outils, nos valeurs et notre responsabilité collective. C’est aussi une formidable opportunité de mobiliser les équipes autour d’un numérique plus sobre, plus humain.

Ce que nous avons appris, c’est qu’il ne faut pas attendre d’avoir une démarche parfaite pour se lancer. Le plus important, c’est de commencer, de tester, de mesurer, et d’impliquer les équipes. Le reconditionné est une solution concrète, performante, et accessible pour toute organisation prête à repenser ses habitudes. »

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